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Valeriane Mondot, l’art de la rue à la galerie

Galeriste, Curatrice, experte, conférencière spécialisée dans le graffiti et dans les oeuvres d’artistes issus de ce courant Valériane est une des rares expertes crédible, respectée aussi bien par les artistes que par le monde de l’art contemporain, présentations : 

Bonjour, tu peux te présenter ?

Bonjour. Je suis valériane Mondot. J’ai fondé en 2001 Taxie Gallery qui est une galerie d’art et entité dédiée au Graffiti…

Quel rôle est le tien au sein de ce courant artistique ?

Je n’aime pas beaucoup le mot «rôle». Ou plutôt mes «rôles» ont évolués avec le temps. Taxie Gallery s’organise autour de plusieurs actions et toujours concentrées sur le Graffiti : commissariat d’expositions institutionnelles, expositions plus classiques et marchandes, conférences, suivi des artistes ou suivi de collections. Bref, en quelques mots, tout ce qui peut toucher au Graffiti et à sa reconnaissance et son installation définitive dans le monde de l’art et son histoire. Ce n’est pas vraiment un «rôle» mais ça a toujours été mon envie et ma conviction.

Exposition « TOULOUSE » bombe géante de DER. Toiles de DER et SHERIO - . Taxie Gallery 2018

Te sens tu plus proche des collectionneurs, des artistes, des autres galeristes ?

Je le suis par la force des choses. J’évolue dans le Graffiti depuis 20 ans. Je connais bien le milieu et ses acteurs, qu’ils soient artistes, collectionneurs ou marchands. On se connait tous – pour la racine la plus historique en tout cas. Je suis proche de chacun d’eux et chacun pour ses raisons.

J’ai une préférence pour mes relations avec les artistes. (même si parfois c’est le terrain le plus sensible)

Les collectionneurs m’apprennent beaucoup. Et j’aimerai leur en apprendre encore beaucoup.

Les galeries me permettent de voir ce que j’aimerai – ou pas du tout – faire ou être. Elles me permettent aussi de découvrir des artistes et d’autres points de vue, de façons de faire. Ce sont elles aussi qui quelques fois me renseignement sur la nature d’un artiste et son évolution.
Chacun apporte sa pierre à mon plaisir à travailler pour et avec le graffiti.

Et comme je ne voyais pas assez de « graffiti » en galerie, j’ai décidé de monter ma propre structure. Pas tant pour vendre des œuvres de Graffiti, mais bien plus pour préparer les artistes et ceux qui voulaient aux règles et codes du monde de l’art

Tu as une formation en histoire de l’art, comment es tu tombée (amoureuse ?) dans cette forme d’art contemporaine ?

Amoureuse c’est le mot. Convaincue de son importance aussi et très vite.
Quand je suis arrivée à Paris, il y a plus de 25 ans, forcément j’ai été confrontée au Graffiti et aux tags. Et je trouvais ça magnifique. Mais mes premiers souvenirs sont beaucoup plus anciens et en province – milieu des années 80. Je m’en suis rappelée qu’après.
J’ai une formation du marché de l’art et j’ai toujours travaillé en galeries d’art et musées (mobilier XVIIIème et Peinture Flamande XIVème) et quand j’ai (re) découvert le graffiti, j’ai très vite su que le marché de l’art allait s’en emparer. Il ne pouvait pas passer à côté. C’est Zeky des OC/MCZ (Montreuil) qui m’a tout appris du Graffiti. Ses codes, ses artistes et son histoire. Nous travaillions dans le même quartier milieu des années 90. Sans lui je n’aurais pas pu tout décoder si vite, ni rencontrer vraiment le graffiti et ses artistes. Je me baladais et je photographiais tout ce que je voyais, mais sans pouvoir vraiment tout comprendre et tout lire. Mais je voulais apprendre et surtout comprendre. Il m’a donné l’impulsion et il a été un Maitre essentiel pour moi. Il a su partager avec moi sa passion et ses codes. De là tout est parti. Et comme je ne voyais pas assez de «graffiti» en galerie, j’ai décidé de monter ma propre structure. Pas tant pour vendre des œuvres de Graffiti, mais bien plus pour préparer les artistes et ceux qui voulaient aux règles et codes du monde de l’art.

Un Oeil sur l'art urbain - Taxie Gallery _ Maison de l'architecture _ academie de l'Architecture - Paris 2019

quand on parle de peinture «classique »on ne parle pas de « peinture d’atelier » ou « peinture de musées » ? Ça devrait être la même chose pour le Graffiti.

Le graffiti c’est flatter son égo et plaire à ses pairs, le street art, c’est plaire au grand public (et bien souvent aux galeristes), ces deux formes d’expressions ont comme point commun leur aire de jeu, la rue. Mettre ces œuvres en galerie ou chez un particulier, est ce que ça ne dénature pas complètement le propos des œuvres et des artistes ?

C’est « drôle » cette question.. Ça fait 20 ans qu’on la pose ! rire.. et pourtant les choses ont évoluées non ?
le graffiti est un Art, fait par des artistes.. quand on parle de peinture «classique »on ne parle pas de « peinture d’atelier » ou « peinture de musées » ? Ça devrait être la même chose pour le Graffiti.
Sa seule différence – et pas des moindres et qui fait aussi sa force – c’est que l’âme du graffiti a été la rue et l’est encore. Elle distingue les artistes de Graffiti des artistes « classiques » et leur mode de création. Leur histoire aussi est très différente, leurs écritures aussi, leur discours et leurs codes sont les leurs ils ont un outil qui est bien à eux. Mais leurs œuvres ne sont « que » des productions d’artistes entiers. Il faut distinguer aussi une œuvre de rue et une œuvre d’atelier. Un artiste de graffiti ne fait jamais ce qu’il fait en rue. Son support n’est pas le même (il passe du mur à la toile) son geste non plus (réduit à la toile en atelier et élargi sur mur) sa condition non plus n’est pas la même. Il est isolé dans son atelier, à plusieurs ou même seul mais livré au public en rue, parfois en vandal. Ce qu’il ressent en atelier est aussi très différent de ce qu’il ressent en rue. Et si l’on parle du métro ou des trains, c’est encore plus flagrant dans les différences.

l’erreur majeure – et que je fais aussi – c’est de parler de Graffiti que ce soit en rue ou en galerie. Le Graffiti est en rue. En galerie, c’est une œuvre, une peinture d’un artiste venant du graffiti, d’une expression de veine Graffiti, d’une esthétique héritée du Graffiti. Mais on ne devrait pas dire que c’est du Graffiti. Sydne Janis avait fait dans les années 80 le distinguo. Ce qu’il exposait dans sa galerie d’artistes du Graffiti, il le nommait « Post Graffiti ». C’est à mon sens la meilleure terminologie qu’il soit.

Sketches @ UAF _ Taxie Gallery, Paris 2019


Depuis la fin de l’ISF, il y a 2 ans certains galeristes ont remarqué une baisse des ventes, en effet une partie des acheteurs/spéculateurs faisaient artificiellement gonfler les prix pour ne pas être soumis à cet impöt…
Est ce la fin d’une époque dorée ? d’une bulle spéculative?
Est ce une bonne chose, qui permettra de faire le tri parmi les artistes et les collectionneurs ?

Je résumerai ma pensée en regroupant toutes tes questions sur les différents sujets que tu énumères (et qui, chacun, mériteraient un chapitre – ISF / Bulle spéculatives / effet de mode.) en une seule réponse :
L’art urbain est installé dans les habitudes du marché et réagis comme les autres mouvements, périodes, époques, catégories, objets du marché de l’art : reconnaissance – explosion – affaissement – resserrement. Il suit donc son rythme normal et répond aux exigences normales d’un marché installé. Il n’est pas moins dépendant d’un nouvel impôt, d’une société, ou de son économie qu’un autre marché. IL n’y a donc aucun lieu de s‘inquiéter ou de s’alarmer de ce fait là. Dire que sa vivacité – et particulièrement pour l’art urbain – dépend d’un impôt est pour moi fausse raison et facilité d’un discours commercial… L’argent continue à circuler et parfois à flot. Ce sont les intérêts et les curiosités qui se déplacent ou se tarissent.
Mais ce qui est inquiétant, c’est qu’installé maintenant depuis plus de 10 ans dans le marché de l’art, sa principale faiblesse perdure dangereusement : L’art urbain n’est pas suffisamment soutenu. Soit par des galeries de renom ou des galeries qui ont à cœur de protéger leurs artistes, ou encore de collectionneurs influents. Sans omettre l’absence de fondations conséquentes ou des musées convaincus. Ses prix et ses côtes donc restent limités au bon vouloir de seulement quelques-uns, et à un niveau encore très éloigné de ce que l’on peut constater dans l’art contemporain. L’art urbain stagne au niveau d’un marché de « petits joueurs entre amis » (rire) et si les acteurs « importants » actuels (de l’artiste au galeriste, au collectionneur et maisons de vente) n’y prennent pas garde le marché de l’art urbain courre au-devant de sa propre destruction.
II ne s’agit donc pas de mon point de vue, d’un effet de mode passé, d’un resserrement autour de quelques-uns seulement – qui sont donc plutôt signes de bonne santé du marché – que d’une tristesse de ce que le marché produit, propose et revendique : un manque cruel de pertinence, une aliénation du goût, une facilité dans laquelle tous et toutes nous nous sommes installés… Nous sommes responsables (tous les acteurs confondus) d’un marché qui s’installe dans un confort qui pourrait lui être fatal. .
Seuls les audacieux – et heureusement il y en a – sont à même d’apporter aux arts urbains et son marché, la reconnaissance méritée et espérée non pas seulement dans le marché mais dans l’histoire de l’art. Mais ils sont rares, et surtout ni suffisamment entendus ou soutenus. Et c’est là le plus triste. Si le marché a dépassé son « effet mode » il en reste dépendant. On achète ou l’on présente que ce que l’on connait ou qui est connu. On ne s’aventure plus dans aucune découverte et on souffle sur tout et tous qui pourraient rompre nos habitudes.

Mais je reste tout à fait convaincue et confiante. Avec mes 20 ans de recul, je n’ai aucun doute à ce que l’art urbain – ou disons plutôt certains des artistes qui viennent de cette veine – aient un jour la reconnaissance qu’il leur est due. Et bien au-delà d’ailleurs, d’une reconnaissance de leur appartenance à ce mouvement. Mais une reconnaissance de leurs états et talents simplement d’artistes importants.

Ces dernières années (décennies), les arts urbains sont devenus “à la mode”, quelle est l’origine de ce phénomène ? Quel a été le moment ou l’événement qui a permis de basculer dans une autre dimension ?

L’effet de mode dont tu parles bénéficie de plusieurs événements qui ont poussé les collectionneurs vers les arts urbains :

  • Des ventes aux enchères qui ont installé des records repérables des grands amateurs d’art – visibilité financière parlante et largement médiatisée : Banksy qui a dépassé les 100 000 en 2005 de mémoire – Artcurial en 2006 et sa première vente «graffiti».
  • La crise de 2008 qui n’offrait plus à certains de fortune plus moyenne, la possibilité d’acheter aussi facilement de l’art contemporain. Pour le même investissement, au lieu d’une toile d’art contemporain, vous pouviez en acquérir 5 ou 10 d’art urbain – et ainsi multiplier par autant vos « chances » de continuer à spéculer (le marché spéculatif existe depuis les années 80 et ses habitudes et acteurs aussi)
  • L’arrivée de ce nouveau marché a exacerbé la curiosité des collectionneurs, qui avec l’art urbain se sont vu être les nouveaux découvreurs du futur Picasso… phénomène jouissif dans un marché tout neuf, peu structuré, libre, changeant et fourni a satiété par les premières ventes peu scrupuleuses d’une qualité ou d’une valeur historique ou esthétique, au profit d’une quantité. Et sans critique de ma part, puisque sans cet élan moyennement reluisant, l’art urbain n’aurait pas la place qu’il a aujourd’hui.
© Zoé Forget - Oeuvre de Thierry Furger

Je viens de découvrir l’existence  de la Fédération de l’Art Urbain !
Un avis sur la nécessité et l’utilité d’un tel “truc” ?

Je pense que l’idée est importante, le fond essentiel. Il faut voir maintenant sa réalisation et sa mise en place. Mais il fallait faire cette fédération. Je n’en connais pas encore tous les aspects. J’en suis curieuse. A observer donc et lui laisser le temps de faire ses preuves ou de s’énoncer plus clairement.

Qu’aujourd’hui les grandes marques et jusqu’aux marques de luxe, fassent amis- amis avec les artistes d’art urbain me fait plutôt rire. Je trouve que c’est un juste retour des choses et un joli pied de nez !

La récupération de l’image “street” par la grande distribution (Monoprix par exemple) ou par des gens qui n’y connaissent pas grand chose, ça t’inspire quoi ?

Le respect de la liberté de chacun et l’évolution évidente d’un mouvement reconnu et connu d’un plus grand public.. l’inventeur de ce phénomène de « popularisation » d’une image, n’est autre que Keith Haring mais aussi Andy Warhol.. alors pourquoi non pour les artistes de l’art urbain ??
Les marques surfent sur une esthétique qui a été décriée, objet de signification d’une «insécurité dans les villes», dont tous ont essayé de se défaire et ont tenté de saborder. Qu’aujourd’hui les grandes marques et jusqu’aux marques de luxe, fassent amis- amis avec les artistes d’art urbain me fait plutôt rire. Je trouve que c’est un juste retour des choses et un joli pied de nez !
Maintenant que les artistes y collaborent, cela dépend du libre choix de chacun et de son intérêt. Et je comprends tout à fait qu’il soit difficile de dire non à des budgets conséquents, ou simplement de s’amuser à voir son « blaze » sur une grenouillère de bébé, ou sur le sac de supermarché de la ménagère de plus de 50 ans. Pour en revenir aux sacs Leclerc de JonOne, je trouve assez drôle de retrouver «son» écriture au détour d’une rue, servant de boite aux trésors d’un SDF ou jeté dans une poubelle.. je ne sais pas si jonOne avait imaginé cet aspect quand il a accepté.. mais je trouve ça assez pertinent .. son art et son écriture retrouvent la rue, la gratuité et les petites gens.. mais d’une toute autre manière et sur un tout autre support.. Finalement ce pourrait être aussi lu comme un bel hommage à ses origines et les bases du mouvement qui l’a fait naître.

La galerie itinérance qui échange des murs à grosse visibilité contre un travail non rémunéré, tu en penses quoi ? Surtout que ce mode de fonctionnement est en train de se répandre en France?
Les artistes qui acceptent de bosser à l’oeil ne sont ils pas en train de scier la branche sur laquelle ils sont tous assis ?
“Si certains ont pu travailler à l’œil, pourquoi rémunérer les autres ?”

Le débat perdure depuis très longtemps. Quel prix pour un mur…

Que les artistes acceptent de ne pas être payés ou peu.. ne regarde qu’eux. Chacun est libre de vouloir être rétribué ou alors de bénéficier d’une visibilité, d’une communication ou d’autres avantages (moyens techniques mis à leur disposition, mur gigantesque auquel ils n’auraient jamais eu droit sinon.. etc ..-) Et de tous temps – en tout cas depuis que je suis confronté au graffiti, – la question est soulevée et n’a pas trouvé encore sa réponse. Il y a les artistes qui revendiquent leur juste prix – et ils ont raison pleinement. Et ceux qui acceptent d’autres conditions.. et eux aussi ont raison. Si ça leur convient. Alors c’est le plus important. Et concernant les murs Itinerrance, il y a plusieurs versions et je crois qu’il faut se détacher de l’idée unique que les murs sont produits tous aux mêmes conditions. A mon sens il est évident que chaque mur est un cas par cas.. Libre à tous d’en négocier ou accepter les conditions.

Sketch @ UAF Vitrine Hondo. Paris 2019

Mon regret le plus sincère par contre, c’est de voir que le « Street Art » a accès aux plus grands murs.. et que le Graffiti en est toujours banni….. A quand un énorme lettrage sur un mur ? pour l’instant il n’y en a pas  – ou toujours pas assez – d’officiels, payés ou revendiqués par une mairie, une galerie etc..

Il y a aussi ce mur où sont les fresques de Jef Aerosol et la dernière de Obey près de Beaubourg qui me fait penser à un Wall of Fame… mais pour le Street Art. Je m’amuse de voir les codes historiques du graffiti être utilisés par le Street Art.. et que les Graffiti qui s’y sont ajoutés y ont été conservés après restauration de l’œuvre de Jef Aerosol (pour ceux qui étaient à côté en effaçant ceux qui étaient intrusifs à l’œuvre de Jef). Il y a là une volonté évidente de « conciliation » ou de respect des graffiti qui se sont insérés après coup sur une fresque Street Art. Et si je souligne le geste honorable, en deuxième lecture j’y vois tout de même un lieu que qui était à l’origine graffiti a été offert au Street art qui y a eu toute la place (et les budgets surement) pour s’y exposer. Mais non pas au graffiti qui y avait sa place. Ça fait un drôle de mélange à plusieurs dont seulement 2 sont officiels et ont été payés ou remerciés pour. Je me demande d’ailleurs ce que pensent de cette conservation les graffeurs qui se sont installés sur le mur aux pieds de Jef Aerosol ?

Tu t’intéresses au graffiti depuis longtemps et en expose depuis 20 ans, comment perçois tu l’évolution de ce mouvement en terme de peinture ?

Comme un des mouvements le plus important du 20ème siècle. Nous sommes à l’aune de ce qu’il va révolutionner dans le monde de l’art : esthétique, habitudes, supports, outils, techniques, expression, langage, jusqu’au marché… Et ça je le pense depuis 20 ans, dans la conviction que le combat le plus important à mener et de l’emmener vers sa reconnaissance juste et légitime. Non pas pour seulement l’installer dans l’histoire de l’art, mais pour que jamais ! et ce dans quelques décennies, tous les mouvements et artistes qui vont en découler on s’en être nourris, n’oublient ce qu’ils doivent au graffiti ! Ne pas laisser le marché l’absorber, ne pas laisser les artistes trop se galvauder. Les soutenir encore et encore dans l’assurance que sont eux qui ont tout compris et qu’ils ont encore tant à nous apprendre et apporter.
Déjà l’art contemporain se nourri des arts urbains et inversement. Et c’est de bon augure. Qu’il soit évident aux yeux de tous (et d’eux-mêmes) que nous avons à faire là à des artistes.. et pas seulement des artistes de l’art urbain. Tous n’iront pas dans ce sens-là. Mais tous aussi n’en ont pas la volonté ou le courage (et je les comprends largement). Mais pour revenir sur « ceux qui sortiront du lot » en termes de marché, je pense que les « stars » d’aujourd’hui ne sont pas tous, ceux qui demain seront reconnus d’importance. Si le marché indique un goût commun à plusieurs, ce n’est pas lui qui détermine avec assurance le vrai talent et l’importance stylistique ou historique.

oshi Omori @Arsenal Metz; 2014. Taxie Gallery

Tu te vois où dans 20 ans ?

A boire un verre de vin ou de thé fin, aux pieds de ma collection et me dire « .. quelle chance j’ai eue. Quel bonheur tout ça a été.. merci au Graffiti de m’avoir tant apporté » en attendant ceux qui sont restés mes amis, ou seule. Dans la conviction que j’ai fait tout ce que je pouvais pour défendre ce mouvement en lequel je crois et admirer, sans aucune larme, mais beaucoup de joie le chemin parcouru. Je finirai mon verre ou ma tasse, à tous ceux que j’ai côtoyé, rencontré et leur dirais «chapeau bas Messieurs !»
Je sortirai repue, et léguerai à mon fils l’entièreté de ma collection. Déjà instruit au sujet, je formaterais l’espoir que l’expression de mon goût lui permette de récupérer tout ce que ma folie persistante lui a enlevé : du temps que j’aurais dû lui consacrer à tout l’argent qu’il n’a pas eu. «Chapeau bas Fiston !»

Et le monde de l’art et les artistes dans 20 ans ?
Écartelés entre pouvoir de l’argent et nécessité d’expression artistique..

Un monde un peu austère ou être artiste sera mener une entreprise .. Aussi un peu un retour aux sources sur la production d’ateliers d’antan où seul le Maître apportait une touche finale à tout ce que les petites mains avaient peintes pour lui.

L’art est une expression nécessaire à l’humanité.. comme la parole et la vue. C’est dans sa forme et son expression qu’il n’est aujourd’hui pas vraiment possible (pour moi) d’imaginer encore toutes les surprises dans lesquelles il va mener nos sens.

Et le monde tout court dans 20 ans ?

Dans 20 ans je serais repue de vie et devenue sage. Je regarderai le monde en me disant «que je suis heureuse de ne plus avoir 20 ans  (et encore 60 ans à vivre)».


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