
Fanon
Hier, j’ai regardé Fanon :
Coincé entre Freud et Che Guevara, Fanon, psychiatre martiniquais, théoricien du colonialisme, militant du FLN algérien : un CV qui ferait trembler l’algo de LinkedIn.
Ce film nous narre son époque algérienne et sa prise de poste au sein de l’hopital (ou la prison au choix) psy d’Alger.
Fanon s’affiche comme un film d’importance, idéal pour des gens en quête de références pertinentes à glisser entre deux discussions sur le dernier livre de philosophie postcoloniale un dimanche matin au café de Flore.
La mise en scène, proche du dispositif théâtral, mise tout sur la puissance des mots, au risque de faire tanguer l’attention dans de longs plans fixes.


Les comédiens, rarement facilités par ce cadre quasi didactique, naviguent entre sobriété et intensité retenue. Les comédiens se perdent dans ce mélange d’ornements rhétoriques et de gravité appuyée qui peut sembler plus performatif que naturel.
Le jeu oscille donc entre moments sincères — qui rappellent que derrière le concept, il y a de vraies humanités — et épisodes de surjeu stylistique, parfois handicapés par un texte lourd à porter. Au final, Fanon parle aux convaincus et invite à la réflexion, même si son esthétique un peu austère et son ton parfois professoral risquent de décourager les spectateurs en quête d’une narration plus fluide.
Un film de pensée plus que de cinéma, à voir pour ceux qui veulent tester leur capacité d’écoute face à un manifeste qui se vit autant qu’il se lit.